Haiti-Littérature: Étienne De Saint-Exil signe un retour magistral

Comment un écrivain de talent immense doit-il effectuer son retour sur la scène littéraire après plus de dix ans d’absence? Le natif du Cap-Haïtien, éternelle Capitale historique et touristique de la Première République Noire du monde, Étienne De Saint-Exil, vient de répondre à ce questionnement. En effet, depuis la publication de son chef-d’œuvre intitulé JE M’ACCUSE, en 2012, soit onze ans de cela, plus personne n’a entendu parler de lui comme écrivain, sinon quelques articles qu’il publie dans des journaux — entre autres, Analyse Média, Le Courrier de la nation, Kalfou Verite —. Était-ce une panne d’inspiration ? On ne sait trop. Pour l’homme qu’il est, le talent dont il a toujours fait montre, on se demande comment pourrait-il être en panne d’inspiration, pourtant que l’environnement dans lequel il vit est une source intarissable de choses et d’événements inspirants. Était-ce de la paresse ou trop d’occupation ? On n’en saurait rien de tout cela.

Ce qui compte vraiment, c’est qu’il est de retour. De la manière la plus magistrale, en signant son premier roman, mais son quatrième ouvrage, chez les Éditions Milot-Paris, en France. En effet, avec ce titre assez profond et aguichant, « Comme un cimetière debout en moi », son roman risque de gagner gros. De gagner des fans, des cœurs, du respect et des prix. La maison d’édition française l’a d’ailleurs reconnu dans son message confirmant l’acceptation de l’œuvre, et je cite: « Cher auteur, notre comité de lecture a lu votre manuscrit et vous apporte sa réponse : vous avez une très belle plume, et votre texte retient toute notre attention. Il peut séduire beaucoup de nos lecteurs et des jurés de prix littéraires. De ce fait, nous reconnaissons votre travail et sommes en mesure de vous proposer sa publication… » fin de citation.

En littérature, on ne fait pas de cadeau, et les maisons d’édition le savent. Elles n’investissent pas là où elles seront perdantes, ce sont des entreprises encadrées par des experts du domaine. Pour ainsi dire que publier à compte d’éditeur, déjà, c’est une reconnaissance. La reconnaissance par laquelle tout peut se déclencher.

Après toutes ces années perdues, blanches, Étienne De Saint-Exil a compris qu’il ne pouvait pas revenir sans faire mouche. « Comme un cimetière debout en moi » est ce projectile qui ne rate pas sa cible. C’est une belle histoire, assez ordinaire, mais sublimée par le style de l’écrivain, et son immense capacité d’accoucher l’extraordinaire à partir de rien. Deux-cent-trente-cinq pages qui risquent de vous surprendre, tant que l’écriture est profonde et étonnante dans cette histoire qui se résume comme suit: « En pleine crise sanitaire de la pandémie, un homme vient d’être délaissé par sa famille : sa femme s’enfuit avec leurs cinq enfants. Non, il ne croit pas au fallacieux prétexte qui aurait provoqué ce coup de théâtre, qu’il aura d’ailleurs, du mal à supporter, à accepter au fil du temps, malgré son attitude outrecuidante au départ. L’homme serein, combattif et coriace qu’on connaissait n’est plus. Ce n’est ni plus, ni moins qu’une carcasse, un homme faible, triste, et coléreux. Sur qui peut-on déverser sa colère quand on s’enferme volontiers entre les murs? Entre regrets, nostalgie, colère, faim et soif, sa vie bascule. Dehors, la criminalité bat son plein, kidnapping et viol, et ce sans la moindre nouvelle de ses proches. Comment pourra-t-il surmonter ce tournant dans sa vie et vaincre ses démons? Et si sa femme revenait quinze minutes trop tard ? »

Un roman absolument à lire, pour découvrir les mystères de cette écriture magistrale, aussi bien que pour ne pas rater la lecture de cette œuvre qui est sans doute, l’un des meilleurs romans haïtiens de cette année.

« Comme un cimetière debout en moi » est déjà en librairie en France, et quelques autres pays de l’Europe. Et disponible aussi sur des sites, entre autres:

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