PAR le Politologue Enorck Raphaël
Le régime représentatif est établi dans les conditions supposées refléter les aspirations populaires.
Haïti, pays champion de la liberté en devenant en 1804 le premier État noir indépendant issu de l’esclavage se bat toujours pour instaurer un système démocratique. « Les démocraties vivront si elles se montrent capables de répondre aux exigences de la vie moderne et de susciter le dévouement et la foi », disait Raymond Aron.
La culture démocratique renforce et complète la dignité des citoyens dans le concert des nations, qui facilite un dialogue commun pour la défense des droits de l’homme. Cela exige le renoncement à la facilité, à la corruption. Un tel effort apporte à l’être de la hauteur, de la grandeur d’âme et de l’éthique.
La démocratie est un régime de consensus.
Par manque de discipline et de sagesse de la patrie, elle est un défi capital à relever.
Pour Monique Roland wey, la démocratie active permanente n’est pas une utopie, elle est un objectif à conquérir. De surcroît, la démocratie s’est construite à la fois sur le postulat d’un individu doué de raison et sur celui d’un être sociable intéressé par les affaires de la cité. L’homme qui ne se mêle pas de la politique, pensait Pericles, ne mérite pas de passer pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile; l’homme en politique se dépouille de ce qui ferme son horizon, il entre dans un espace d’interlocution.
Les deux propositions sont étroitement liées, car si l’homme n’est l’homme que par son inscription dans la cité dans la rencontre de ses concitoyens avec lesquels il forme une communauté, c’est qu’il peut s’y affirmer par l’usage du logos. À la fois la parole et la raison, le logos est ce qui distingue les individus des animaux et ce qui leur permet de se connaître mutuellement dans la vie en commun.
Ref: (Qu’est ce que la politique, Jean Marie Donegani et Marc Sadoun, Gallimard 2007, p68)
Ainsi, face à la situation de détresse à laquelle est confronté le pays, mon devoir citoyen est de souhaiter voir un changement pour le peuple haïtien, que la démocratie soit respectée et appliquée dans toutes ses dimensions.
En effet , la crise est l’occasion pour faire les meilleurs diagnostics d’une nation et ensuite prendre de bonnes décisions. Professeur Lesly F Manigat ajoute: « c’est le moment essentiel pour les élites d’un pays de se mettre autour d’une seule table pour s’entendre sur l’essentiel afin de planifier l’avenir collectif ». De plus, Carlyle declare que les grands hommes s’unissent au moment de crise pour donner la marche à suivre aux citoyens.
À une crise politique chronique, une crise institutionnelle, une crise gouvernementale additionne une crise constitutionnelle qui handicape le fonctionnement normal de l’Etat
Par ce constat établi, apriori la solution doit obligatoirement passer par l’écriture d’une nouvelle constitution donnant naissance à une nouvelle république démocratique et de droit , et qui définira les basses de la bonne gouvernance.
Je voudrais proposer au chef de l’Etat de former un gouvernement de rassemblement national et de consensus en vue de prendre les décisions qui s’imposent. Je veux dire par là qu’il faut prendre les décisions utiles pour permettre et garantir un équilibre constant entre les trois secteurs clés de la vie nationale (secteurs : public, affaires, et la société civile ) de façon à assurer l’établissement et le maintien d’un gouvernement pragmatique avec une politique mixte adaptée aux pauvres et aux riches avec un plan d’actions taillé sur mesure selon les réalités socio-économiques et politiques répondant aux aspirations légitimes du peuple haïtien.
C’est la base sur laquelle on doit s’appuyer pour résoudre une fois pour toutes le problème d’Haïti en passant par: l’écriture de la nouvelle constitution adaptée aux réalités sociales, culturelles, et aux attentes du peuple haïtien.
Cette nouvelle charte fondamentale deviendra la base patriotique, culturelle, sociale, écologique, économique, juridique et politique.
A- Ce nouvel instrument juridique doit:
A-définir la forme de gouvernement, limiter le pouvoir excessif des deux pouvoirs politiques, créer de véritables institutions républicaines, instaurer, assurer, protéger, et promouvoir la démocratie comme système politique national.
B-Definir la méthodologie de l’organisation du dialogue national entre les haïtiens pour élaborer un projet de société juste.
C-Imposer et maintenir la ferme lutte contre la corruption en jugeant tous les cas de corruption; ce qui permettra une vaste restitution à la trésorerie publique les grandes sommes détournées contre la République depuis plusieurs décennies.
D-Permettre la renaissance du pays sur un pluralisme politique limité avec deux grandes tendances subdivisées en quatre partis politiques et un indépendant, avec obligation d’au moins 500 000 membres pour une reconnaissance légale.
E-Exiger le vote obligatoire pour tous les haïtiens et haïtiennes et prévoir une amende pour les contrevenants.
F-Faciliter la mise en application de la loi sur le vote de la diaspora à travers nos services consulaires.
G- Permettre l’organisation des élections démocratiques par le conseil électoral permanent et sur la pleine surveillance de la cour constitutionnelle haïtienne.
Les crises politique, institutionnelle, gouvernementale et constitutionnelle qui ont retardé Haïti depuis 34 ans ayant pour résultantes l’instabilité politique, la mauvaise gouvernance, l’insécurité, la misère et le sous-développement seront désormais peut-être résolues par ce nouvel instrument juridique et politique.
Paris le 06 /11/2020
Enorck Raphaël
Politologue, coordonateur organisation kòtakòt Ayiti*