L’université dans le temps avait joué un rôle d’avant-gardiste, rôle que lui avait attribué Dantès Bellegarde vers les années 1920. Un siècle que ce rôle (gardienne du drapeau) s’est attribué à l’Université. Cette responsabilité que Dantès Bellegarde voulait incomber à l’Université semble problématique et peine à s’actualiser. Toutefois, faut-il mettre en perspective une lecture historique et historiquement contextualisante de la période de l’occupation américaine pour comprendre l’idéal de cette attribution. En effet, il voulait faire appel au patriotisme afin de désoccuper le pays. Depuis lors, les discours s’enchaînent et la réalité stagne. L’Université, de part son rôle ou statut académique et responsable, semble elle-même s’engouffrer dans une crise systématique. Certains pensent que la rue, les politiques influencent l’université et non l’inverse. L’université aujourd’hui, semble-t-il incapable de faire les problèmes de la société ses objets d’études. Une logique du bas vers le haut.
La crise actuelle révèle des préoccupations majeures sur « l’éthique », du point de vue des responsabilités, des élites universitaires à l’égard de la société Ayitienne. Comment peut-on sortir du populisme dogmatique pour aller vers une réflexion nuancée, une vision globale et intelligible de la crise ayitienne ? Comment doit-on positionner l’Université dans ce cas d’urgence ?
Il est un fait certain que la politique ayitienne revêt d’une pensée machiavéliste. Sortir de l’éthique et de la morale républicaine, tout ce qui peut amener au pouvoir semble rationnel. En effet, cette mise en perspective suit un double regard: l’Université, socle sur lequel doit s’arc-bouter la société, perd toute son indépendance, pour ainsi dire, elle n’est plus autonome, d’une part, et d’autre part, d’une quasi absence de productions scientifiques (Bien qu’elle ne soit pas équipée pour mener les recherches) à même d’influencer les politiques. En effet, certaines se contentent d’organiser des activités financées par des bailleurs internationaux; Regardant le contenu des discussions, le problème de la société ne constitue pas la problématique centrale.
Toutefois, on ne peut ignorer les dysfonctionnements qui caractérisent certaines de nos Universités : absence de budget pour la recherche, les manques de cadre, de moyens techniques…
Dans ce contexte, il nous faut un sursaut de conscience. Par la conscience, on entend un effort pour penser le problème de la société dans sa complexité. Il est quand même, on trouve, trop facile qu’un problème assez complexe puisse être saisi par des populistes aux idées simplistes dont certains visent seulement un changement de tête (minimaliste) dans un système assez pourri et marginal.
La presse traditionnelle, complice de cet état de fait, s’intéresse plus au point de vue des « Politiques dits traditionnels» avec les mêmes baratins sans contenus substantiels. Il est presque impossible de trouver des paysans, membres d’organisations, professeurs d’université, des étudiants en licence, master ou doctorat pour formuler des pensées nuancées, rationnelles et logiques sur la problématique sociale, environnementale, économique et culturelle des dix (10) dernières années. On est censé dans un dogmatisme de pensée politique du chaos récurrent. Toujours les mêmes concepteurs de crise qui, aux idées creuses, sont appelés à la résoudre.
La presse en ligne, avec moins de moyen, essaie du moins de contrebalancer cette presse traditionnelle, complice et corrompue. Ce que nous autres (Analyse Média) encourageons !
Les Ayitiens sont dans une époque agonique de leur histoire de peuple. Pour en sortir, l’Université doit assurer la médiation afin de saisir l’époque, le contexte et s’efforcer de trouver des moyens applicables et cohérents de l’ère actuelle. Il faut faire appel à l’intelligence, sortir de l’enfermement. A l’heure où la population ne fait guère confiance aux politiques actuels, leurs discours ne sont pas entendus, il nous faut l’émergence d’un nouveau panel, de clientèle politique. En situation de crise sociétale, l‘élite a son rôle à jouer.
Pour ainsi dire, objectivement et subjectivement toutes les conditions sont réunies pour une remise en question générale, toutefois le contexte peine à trouver des tribuns à être capable de mener ce peuple assoiffé de changement.
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