Crise en Haïti: plus de nourriture dans certaines prisons
Plusieurs établissements pénitentiaires d’Haïti n’ont plus de quoi nourrir les détenus, alertent les organisations de défense des droits humains, qui expliquent les difficultés d’approvisionnement causées des barricades dressées sur les principaux axes depuis le début de la contestation contre le président fin août.
« Il y a des prisons où il n’y a plus de nourriture: la prison civile de Jérémie, la prison civile de Mirebalais. Il y a des risques que des prisonniers meurent de faim », s’inquiète Marie Rosy Auguste Ducena du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) en citant l’exemple de deux établissements situés respectivement dans le sud-ouest et le centre d’Haïti.
Plusieurs membres de la communauté humanitaire ont confirmé l’urgence, à laquelle aucune réponse n’a encore été fournie par les Nations unies et les ONG, se désolent-ils. « C’est une situation qui relèverait du mandat de la CICR (Comité international de la Croix Rouge) mais ils ne sont plus présents en Haïti depuis deux ans », a regretté un employé du secteur.
Dans le contexte de crise politique qui perdure en Haïti depuis deux mois, la suspension quasi totale du transport empêche les proches des détenus d’apporter des provisions en prison, une pratique habituelle pour pallier les rations déjà ordinairement insuffisantes.
Les visites ont aussi été suspendues dans toutes les prisons du pays « pour des raisons de sécurité » selon les explications fournies au RNDDH par les directeurs des établissements, où le confinement aux cellules s’est généralisé.
Les prisons haïtiennes sont les plus surpeuplées au monde avec un taux moyen d’occupation dépassant les 400 %, ne laissant en moyenne que 0,7 mètre carré par détenu, quand les normes internationales recommandent un minimum de quatre mètres carrés par personne.
Cette profonde aggravation des conditions carcérales fait craindre le pire aux directeurs de prison.
« Les détenus sont très tendus, ils parlent de ce qui se passe à l’extérieur, car ils suivent évidemment les nouvelles. Certains directeurs de prison estiment que les détenus attendent un événement externe pour pouvoir s’évader: c’est leur plus grande peur » , confie Marie Rosy Auguste Ducena.
AFP