En Haïti, rares sont les traditions qui tiennent tête à l’instabilité, à l’insécurité, à la crise et à la peur. Avec cette nouvelle édition, Livresenfolie dépasse de loin cette folie. Ce grand rendez-vous littéraire annuel survit alors que d’autres événements culturels capitulent.
Pour comprendre ladite situation, notre secrétaire à la rédaction, Anténor Wilfrid, affirme qu’avec Livresenfolie, les armes font taire les musiques, mais n’empêchent pas la circulation de la pensée.
Par ailleurs, alors que dans les couloirs de cette grande fête du savoir, la foule déborde, des écrivains signent, des lecteurs s’affluent… cependant, derrière cette vitalité, ce décor, un autre théâtre se joue.
Hommes politiques, personnalités du secteur privé, des officiels, Ambassadeurs…tous s’invitent parfois sans même s’offrir un ouvrage. La visibilité et le paraître les animent. Ils viennent s’offrir un jour de parade, un défilé sans lendemain, une mise en scène juste pour se faire remarquer, à la rigueur pour réitérer les fausses promesses et des discours creux. Ce sont des gens qui arrivent en porteurs de symboles, mais repartent sans substance.
En dépit de la tentative de récupération politique, Livresenfolie demeure un acte de foi, un signe que la société haïtienne n’a pas sombré. Que l’intellect n’ait pas encore plié genoux devant la brutalité et la violence généralisée.
Tant que la population continuerait à s’empresser pour se procurer un livre, tant que la pensée pèse sur les promesses et les inactions, alors tout est loin d’être perdu.
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