Alors qu’en Russie, au Bénin ou ailleurs, Kémi Séba a été accueilli comme un messager d’émancipation du panafricanisme, sa présence en Haïti s’est déroulée dans une discrétion glaciale.
Aucun débat dans les médias publics. D’ailleurs, la télévision nationale est devenue Port-au-Princienne. Aucune déclaration officielle des autorités locales. Aucune ferveur populaire, aucune mobilisation politique notable, aucune mention digne d’un événement symbolique dans la cité christophienne — la ville qui, jadis, accueillait les géants de l’histoire haïtienne.
Où sont passés les leaders WhatsApp tonitruants qui tempêtent le rejet de l’Occident ? Où sont les chantres de la souveraineté économique, les défenseurs d’une nouvelle Haïti forte et décolonisée ? Cette absence criante, ce silence stratégique, trahissent une hypocrisie ou, du moins, un profond malaise.
Dans un contexte marqué par des discours anti-impérialistes, des frustrations – crises économiques, insécurité, dépendance internationale, la visite de Kémi Séba aurait pu servir de catalyseur, une occasion de réflexion sur l’identité noire et sur le rôle géopolitique d’Haïti. Mais rien !
La réception de Kémi Séba, ou plutôt son absence de réception, révèle une chose : Haïti, et particulièrement ses élites, n’est peut-être pas prête à regarder en face le miroir que ce militant lui tend. Est-ce la peur ? La gêne ? Ou simplement l’indifférence et l’ignorance ?
Dans tous les cas, c’est une opportunité manquée et ratée. Kémi Séba a su s’imposer dans le débat géopolitique mondial comme un militant radical, mais cohérent, d’une Afrique debout. La présence de Kémi Séba, chantre d’une diplomatie sud-sud, défenseur passionné des droits de la race noire, aurait pu ranimer un sursaut collectif au moins symbolique.
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