Par-delà des chants et des drapeaux, que reste-t-il du rêve haïtien ? « Pour le pays, pour les ancêtres, marchons unis », cette devise inscrite à l’encre du sang, jadis, traduit l’union sacrée d’un peuple noir qui, le premier au monde, s’était levé pour briser les chaînes de l’esclavage.
Haïti née comme une mère fière, radieuse parmi ses enfants, porteuse d’une promesse : celle de la liberté, de la dignité retrouvée, de l’humanité réconciliée. Mais que reste-t-il de ce rêve ? Si autrefois, Haïti symbolisait la « perle des Antilles », la terre de la liberté, aujourd’hui, elle représente un enfer quotidien, en complicité avec d’autres fils et filles qui complotent avec les anciens colons.
Le 18 mai 2025 marque les 222 ans de notre bicolore. Ce drapeau, né du courage et de la douleur, avait banni l’esclavage et inspiré les fondations mêmes des Nations unies. Cette date symbolise la fierté de tout un peuple. C’est un signe vivant d’un peuple qui refuse l’humiliation et l’indignation.
Toutefois, avoue-le, cette année encore, notre bicolore sera célébrée avec des représentants d’une élite politique sans cœur, sans pitié, sans état d’âme, par des hommes et des femmes de pouvoir qui pillent les rêves, qui assassinent l’espoir, qui trahissent la patrie.
À quoi pensent nos héros ? À quoi pense Catherine Flon ? Certainement, ils ne pensent pas aux braqueurs et aux dilapideurs qui attendent les fêtes nationales pour pouvoir s’enrichir et pour profaner. Néanmoins, ils savent que leurs combats menés à terme pour Haïti ne sont pas vains.
Ils ont l’espoir que leurs rêves vivent encore dans chaque cœur, qui redonneront sens à nos symboles, à notre histoire, à notre serment. Ils espèrent voir le grand jour de justice pour la mère trahie lorsqu’on aura des représentants qui refusent de courber l’échine et qui tiennent la tête altière et haut les fronts. Le jour viendra pour que notre bicolore ne flotte qu’en lambeau au-dessus d’un pays en agonie. Le jour arrivera enfin pour qu’Haïti cesse d’être cette mère oubliée sur le banc de l’histoire, cette mère maudite dans ses entrailles, déchirée par la violence, l’impunité et la trahison de ses fils et la trahison de l’international raciste.