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Pour le dialogue inter-haïtien, Pour la Patrie


’’Il faut constamment soulever les va-nu-pieds contre les gens à chaussures et mettre les gens à chaussures en état de s’entre-déchirer les uns les autres, c’est la seule façon pour nous d’avoir une prédominance continue sur ce pays de nègres qui a conquis son indépendance par les armes. Ce qui est un mauvais exemple pour les 28 millions de noirs d’Amérique’’, telle fut la déclaration du Président des Etats-Unis, Franklin Delano Roosevelt, faite sur Haïti.


Pour lui, attiser les passions politiques, créer les conditions objectives et subjectives pour que règne dans le pays une situation chronique d’instabilité politique.

Pour ce faire, l’occident aura eu à utiliser l’arme la plus puissante qui n’est autre que la ’’ DIVISION’’ pour pouvoir implanter la politique du néocolonialisme. Donc, ce n’est pas le fruit du hasard si toute l’histoire politique d’Haïti est marquée par des crises politiques, des troubles et des bouleversements incessants.

La lutte des classes, l’exclusion sociale et la guerre pour le pouvoir déchirent entièrement notre tissu social et brisent l’unité qui nous a fait naitre en tant que nation. Le pays s’enlise de plus en plus dans une misère abjecte. Considéré comme étant le seul PMA (Pays Moins Avancés) de l’Amérique, Haïti fait figure de mauvais élève dans le cadre de l’apprentissage de la croissance économique et du processus de développement.

En effet, les indicateurs de développement du pays sont dans le rouge et se sont détériorés au cours de la période de 1986 à nos jours. Tout ceci, à cause de l’entêtement de nos élites de s’assoir ensemble pour déterminer une vision émancipatrice pour le pays tout en chassant cette culture du conflit.

L’homme est non seulement un être pensant/rationnel, mais l’homme est également un être social. Il devient homme parmi les autres, en vivant dans une société régie par des lois et des coutumes. Ainsi, il revient à l’animal politique qu’est l’homme d’œuvrer à la construction d’une humanité plus solidaire comme le préconise Monsieur Paul Biya dans son ouvrage ’’Pour le libéralisme communautaire’’, malgré les divergences d’intérêts. En fait, il apparaît de toute évidence que le conflit est un phénomène social inhérent à la nature humaine, omniprésent dans la vie sociale quoique prenant des formes plurielles. En effet, il s’agit d’un véritable « fait social total » pour reprendre à notre compte la savoureuse formule de Marcel Mauss. Autrement dit, dès qu’il s’agit de société, il y a forcément conflit quelque part. Sauf qu’il faut savoir le gérer. D’où la nécessité de l’émergence de la notion de ’’résolution de conflit’’ qui consiste de s’affirmer dans le respect des autres, dire ce qu’on pense, ce qu’on désire tout en désamorçant l’agressivité, en négociant.


En effet, le dialogue ou la négociation est sans doute le mécanisme de résolution de conflit le plus ancien et le plus répandu. La négociation, entre autres, peut se définir comme un processus de règlement consensuel bilatéral ou multilatéral des différends qui repose sur la discussion (Jean H. Gagnon, Réussir par la négociation, page 21). Elle est aussi un processus par lequel des personnes ou des groupes aux intérêts divergents tentent, par des séries d’échanges de vue, d’entretiens, de pourparlers, de parvenir à un accord qui sera mutuellement bénéfique dans le règlement d’une affaire. L’histoire de l’humanité révèle plusieurs cas de compromis entre anciens adversaires farouches qui allaient être devenus de nouveaux alliés. Nous allons citer quelques exemples palpables en ce sens ; Le cas de l’apartheid en Afrique du Sud, où il s’agissait d’une entreprise de séparation et/ou d’exclusion des populations noires dans les activités ayant trait aux champs politique, économique et social. Cette ségrégation sociale se manifesta par les massacres et meurtres à l’instar de celui de Soweto le 16 Juin 1976 avec pour bilan officiel 23 morts, 220 blessés et tandis que le discours officieux faisant état de 574 morts dont 570 noirs. Mais suite à quelques années de dialogue et de négociations, De Klerk et Mandela parviennent à signer un accord de bonne foi. Le compromis est que l’ANC accepte de partager le pouvoir avec les Blancs tandis que le NP accepte que la permanence du pouvoir blanc au gouvernement ne puisse pas être garantie. Depuis cet accord, le pays connait une situation politique relativement stable. Ensuite, les résultats des élections de 1994 déclenchèrent toute une série de protestations à travers la République Dominicaine. On craignit même l’imminence d’une guerre civile tant les positions paraissaient irréconciliables. Mais à partir de la médiation de l’Église catholique et des émissaires de la communauté internationale, Peña Gomez et Joaquín Balaguer signèrent, le 10 août 1994, le PACTO POR LA DEMOCRACIA dont les grandes lignes étaient les suivantes : Limiter le prochain mandat présidentiel jusqu’au 27 février 1996; Interdire la réélection présidentielle consécutive; Etablir le second tour avec la règle décisionnelle de 50%+1. Pour prendre un dernier exemple, dans un sommet historique entre Washington et Pyongyang après des décennies de tensions, le Président américain Donald Trump et le Dirigeant nord-coréen Kim Jong-un ont conclu un accord pour établir la paix dans la péninsule le 12 juin 2018 à Singapour. Un acte diplomatique qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Donc, une sortie de crise ne peut être obtenue qu’à travers un dialogue inclusif et des compromis. Toute utilisation de la force ne fera qu’aggraver le problème.


A mes compatriotes de l’opposition, ressaisissez-vous, écoutez la voix de la raison, empruntez la voie de la sagesse, entendez-vous pour aller dialoguer avec M. Jovenel Moïse qui est jusqu’ici le Président de la République. Si vous êtes vraiment de bonne foi, allez soumettre votre cahier de décharge comportant la libération des prisonniers politiques et défendre les intérêts supérieurs de la nation haïtienne. Mettez votre égo de côté. Cessez de donner l’impression d’être des schizophrènes et des politiciens opportunistes. Faites preuve de leaders éclairé-e-s et avisé-e-s. Car le pays ne peut plus endurer cette crise qui n’en finit pas. Très loin delà, les idées selon lesquelles vous seriez des prostitué-e-s en acceptant de dialoguer à votre semblable (Un haïtien comme vous).

Demandez-vous, de préférences, pourquoi vous êtes plus anxieux d’aller faire la queue pour rencontrer des diplomates étrangers-ères ; croyez-vous qu’ils/elles sont plus blancs/blanches que la neige, croyez-vous qu’ils sont des anges et que c’est le Président Jovenel Moïse qui soit le diable ou le corrompu ? Quelle naïveté ! Pour vous aider à comprendre la dynamique du nouvel ordre mondial, je vous exhorte d’aller visionner au moins ces trois séries : House of Cards, 24 heures Chrono et Scandal. Ainsi, vous vous réveillerez de votre profond sommeil. Rappelez-vous même en temps de guerre, les protagonistes laissent toujours une fenêtre ouverte pour dialoguer. Ça fait partie du principe de la bataille. Vous devez avoir un minimum de flexibilité. Sachez bien que seules les négociations peuvent représenter une meilleure alternative à notre chère Patrie. Un dialogue ouvert et sincère peut accoucher une paix sociale. Ce qu’on escompte vraiment, ce n’est point une entente de fond, mais une satisfaction des parties en présence.

Jacques Lauture
Sociologue
lauturejacques@yahoo.fr

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