PAR Dodley Vincent
Le championnat haïtien de football professionnel (CHFP) débute ce week-end. Dix-huit formations sont sur la ligne de départ et vont livrer une bataille acharnée dans la course au titre. Mais à moins de 8 heures du lancement, la question de l’insécurité qui fait rage hante toutes les esprits et suscite beaucoup d’interrogations.
La compétition reine du pays reprend ses droits à partir de ce 29 février 2020. Différentes équipes, issues de plusieurs régions du pays, s’apprêtent à investir le champ de jeu et satisfaire les amants du ballon rond. Le Don Bosco FC, le baltimore SC, l’AS Capoise, le Violette AC ou encore le champion en titre, l’arcahaie FC, toutes ses machines footballistiques doivent s’activer durant cette première partie du championnat.
De leurs côtés, les autorités de l’instance organisatrice (COCHAFOP) se disent prêtes afin d’assurer le bon déroulement de la compétition.
Certes, le football est un sport qui se joue entre 22 acteurs. Chacun de son côté se donne à fond dans la quête du Graal. Cependant, d’autres facteurs aussi importants contribuent grandement à la pratique de ce sport. On peut citer à titre d’exemple, l’aspect financier, l’aspect psychologique et surtout l’aspect sécuritaire qui contribue dans l’assainissement de l’environnement direct des athlètes.
Haïti devient de plus en plus un état anarchique avec la prolifération des foyers de gangs et la circulation à outrance d’armes illégales. Partout sur le territoire national, les groupes armés dictent leurs lois et terrorisent la population. Cette situation ralentit considérablement les activités dans le pays et le football en paie aussi les conséquences.
En somme, c’est dans ce climat de peur que nos joueurs s’apprêtent à faire rouler le ballon sur nos différents terrains.
Des cas récurrents
Les équipes de première division sont des clients habituels des ravisseurs. À maintes reprises, les joueurs ont dû faire face à des scènes horribles et parfois frôlé la mort. Le Baltimore de Saint-Marc a été victime une fois à la sortie de la ville du Cap-Haïtien. Une délégation de l’Arcahaie FC a été dépouillée dans le département de l’Artibonite. Et le dernier cas, le plus récent, est celui occasionnant la mort de Rosemond Pierre, ancien coach du Real Home FA et ancienne gloire du football haïtien.
Ajoutée à cela, la ville de Petite-Rivière de l’Artibonite héberge l’Union sportive rivartibonitienne (USR) fraîchement promue parmi l’élite. Cette commune est depuis plusieurs mois sous l’emprise de puissants chefs de gang qui s’érigent en maître et seigneur et qui ne cessent de semer la terreur et le deuil dans la population.
La Juventus et l’America des Cayes, le Cavaly AS, devraient pendant la saison, traverser le boulevard Harry Truman et le concert de cartouches pour aller affronter les autres équipes et vice versa.
Et le coronavirus
Depuis le mois de décembre 2019, une épidémie découverte en Chine dans la ville de Wuhan, tue des dizaines de milliers de personnes. Plusieurs pays dans d’autres continents sont touchés par ce fléau. La France, les États-Unis, le Japon, la Thaïlande, le Singapour, la Corée du Sud, l’Australie et l’Italie sont, entre autres, les pays qui ont recensé des victimes. Et plus près de nous au Chili, environ 200 personnes sont suspectées d’attraper le virus. De l’autre côté de la frontière, les autorités sanitaires dominicaines ont placé 27 personnes sous surveillance.
Quelles sont les dispositions adoptées pour contenir les cas éventuels de coronavirus ? Quelles sont les mesures prises pour éviter la propagation de la maladie dans les parcs où se dérouleront les matchs de première division ? Est-il inutile de rappeler que dans le championnat italien, plusieurs rencontres ont été reportées à cause du COVID-19 ? Bref, l’heure est à l’urgence. Si tous les yeux seront rivés sur le coup d’envoi de la série d’ouverture du CHFP, nos regards doivent être également tournés vers ces aspects qui peuvent compromettre la réalisation du championnat car, le monde est un village global.