Deux pays, deux trajectoires, un même défi fondamental. Comment conquérir une véritable souveraineté nationale là où les anciennes logiques coloniales persistent sous de nouveaux masques ?
Depuis la chute des Duvalier en 1986, Haïti s’est enfoncée dans un cycle. L’élection d’Aristide, saluée comme une renaissance démocratique, a été brutalement interrompue par le coup d’État de 1991. Aujourd’hui, avec le Conseil présidentiel de transition, la solution tarde et les Haïtiens restent spectateurs de leur propre destin.
Par ailleurs, au Burkina Faso, Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un coup d’État, jouit d’une popularité mondiale. Son discours de souveraineté nationale et son rejet des influences étrangères résonnent puissamment dans une Afrique lassée des ingérences occidentales.
Un contraste qui suscite des questionnements légitimes : la légitimité politique se mesure-t-elle à la conformité aux procédures électorales ou à la capacité d’incarner les aspirations profondes d’un peuple ? La démocratie formelle, lorsqu’elle est manipulée par des intérêts étrangers, reste-t-elle fidèle à son essence ?
Haïti, une nation fondée dans le sang d’une révolution d’esclaves victorieuse, le défi reste entier depuis l’assassinat de Dessalines : transformer l’indépendance formelle en souveraineté réelle.
Toutefois, l’Haïtien attend toujours un leadership capable de briser le cycle de dépendance qui l’entrave depuis plus de deux siècles. Le chemin vers une véritable autodétermination n’est ni simple ni uniforme. Il nous rappelle que la démocratie n’est pas un produit d’importation, mais une construction endogène, ancrée dans l’histoire et la culture de chaque nation. Et surtout, qu’il n’existe pas de liberté collective sans souveraineté effective.