En Haïti, pour signifier la mort imminente d’une personne, quand ce n’est plus évitable, une expression idiomatique créole s’en charge «mò an vakans». Comme si les morts pourraient se payer le luxe que puissent coûter des vacances dans ce marasme cuisant qui assèche portefeuille et comptes bancaires.
Depuis son intronisation à la tête de la Police Nationale d’Haïti, il y a quelques mois, le DG Léon Charles, fraichement nommé mais de seconde main à ce poste, (puisqu’il a déjà servi ladite institution à ce même poste pendant un peu plus d’un ans entre 2004 et 2005), a annoncé la couleur. Notamment, en promettant la mort aux membres de Fantômes 509, groupe de dissidents encagoulés, pour la plupart en uniforme de Police, se réclamant de la PNH.
Ils sont violents, tenaces, et causent nombre de casses et d’incendies sur leurs passages lors des mouvements de protestation émaillés de violences, que connait la Capitale par intermittence. Mais les frustrations générées par le «mal-être» du quotidien des policiers haïtiens, ne sont-elles pas consternantes ?
Nos dirigeants n’ont pas la culture de regarder les problèmes en face, et de les affronter, mais ils préfèrent toujours les contourner, les banaliser, ou abandonner sans scrupule. D’où s’explique l’essence motivatrice de ce Directeur Général qui laisse à désirer, quant à son bilan jadis, et le tournant qu’est en train de prendre l’institution policière. Monsieur Léon Charles aurait pu gérer cette crise, et résoudre le problème «Fantômes 509», pour s’extirper de cette habitude de bilan insignifiant.
Mais le plus facile est dans son agenda: promettre la Mort, et traquer les protestataires comme s’ils avaient inventé les maux de cette police dépassée par ses remous internes. Sans comprendre que même avec la dissolution de Fantômes 509 , ou leur extermination, les frustrations resteront entières, avec risque de grossir d’ailleurs, et accoucher des Démons qui substitueront aux Fantômes, mais avec les mêmes revendications inassouvies.
D’aucun pense que ces hommes armés s’érigent légitimement, en justiciers charriant les insatisfactions les plus internes de leurs pairs, avec des excès flagrants… L’inverse est aussi vrai: beaucoup pensent que ce sont des hors-la-droit tout court, des terroristes.
Attendons de voir comment Léon Charles s’y prendra, puisque pour lui ce sont des «Morts en vacances» qu’il traquera mortellement, sans condition aucune, comme si cela effacerait d’un trait les griefs que connait la PNH.
Et si les Fantômes revenaient après leur seconde mort, hanter à tout jamais les sommeils à chaque Saint Charles? On se demande comment Léon vivrait tout cela.
Et enfin, justiciers ou démons, peu importe l’attribut qui leur convient, les autorités doivent tenir compte des revendications, apporter solutions durables, puis traquer tous ceux qui ont miné la République ces derniers temps dans des actes répréhensibles, peu importe leur camp !
L’avenir étanchera cette soif sur laquelle nous restons, et tranchera.
Étienne De Saint-Exil
etiennedesaintexil@gmail.com