Les Libériens doivent décider, mardi par référendum, s’ils approuvent une modification de la Constitution, un test pour le président George Weah, dont les opposants craignent qu’il cherche à imiter certains de ses pairs ouest-africains en briguant un jour un troisième mandat.
Quelque 2,5 millions d’électeurs sont appelés à approuver ou non huit amendements à la Constitution de 1986, dont un réduisant la durée du mandat présidentiel de six à cinq ans. La révision proposée réduit également la durée des mandats des députés et des sénateurs, respectivement de six à cinq ans et neuf à sept ans.
Le référendum du 8 décembre est en outre couplé avec les élections sénatoriales de mi-mandat. Depuis son élection, la situation économique du pays, l’un des plus pauvres du monde, s’est encore aggravée, en raison notamment de la crise du coronavirus, et la popularité de l’unique Africain ayant rapporté le Ballon d’Or s’est largement érodée, notamment auprès des jeunes qui l’avaient porté au pouvoir.
Des rumeurs lui ont attribué, ces derniers mois, la volonté de tirer profit du changement de Constitution qu’il appelle de ses vœux pour aller au-delà de la limite de deux mandats présidentiels, comme viennent de le faire ses homologues de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, des pays voisins du Libéria, Alpha Condé et Alassane Ouattara.
Horizon 2034
«Il briguera un troisième mandat simplement parce que ses six premières années se seraient déroulées sous une autre Constitution. Voter “oui” au référendum serait une erreur», estime le sénateur d’opposition Darius Dillon.
«On ne sait même pas quelles sont les conséquences de voter “oui” ou “non”», a dit à l’AFP un dirigeant de la coalition d’opposition, Mohammed Aly. Ces spéculations relèvent d’un «jeu politicien», réplique un député allié du président, Acarus Gray.
«Terre natale»
La proposition vise aussi à modifier les règles en matière de nationalité, une question qui continue à diviser la société du Libéria, plus ancienne république d’Afrique noire fondée au XIXe siècle sous l’impulsion des États-Unis pour des esclaves noirs affranchis, dont les descendants ont dominé la vie politique pendant 170 ans. Alors que la double nationalité est interdite depuis 1973, le projet de nouvelle Constitution prévoit que tout enfant né d’au moins un parent libérien serait automatiquement un «citoyen naturel» du pays et qu’il aurait le droit de détenir une autre nationalité.
Ces binationaux n’auraient pas le droit d’accéder à certaines hautes fonctions, notamment électives, mais ils seraient autorisés à accéder à la propriété au Libéria, ce qui n’est pas le cas jusqu’à présent.
https://www.journaldequebec.com/2020/12/06/liberia-un-referendum-test-pour-le-president-george-weah