Devant des députés en larmes, Dominique Anglade a livré un vibrant hommage à ses parents et aux centaines de milliers d’Haïtiens dont les voix «se sont tues», fauchés par le terrible séisme qui a frappé Haïti il y a près de 10 ans.
«Malgré la douleur, malgré la peine, malgré la souffrance, il reste encore cette volonté de bâtir des quotidiens qui ressemblent à nos rêves», a lancé l’élue libérale jeudi au salon bleu de l’Assemblée nationale. Elle citait une lettre que son père a écrite à sa mère l’année de sa naissance. Prisonnier politique, il s’était exilé au Québec dans les années 1960.
Le parlement commémorait les 10 ans du tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui a causé la mort de plus 200 000 personnes et qui a fait des centaines de milliers de blessés.
Autour d’elle, les élus ne cachaient pas leur peine. En pleurs, les ministres Lionel Carmant et Nadine Girault, également d’origine haïtienne, ont traversé la Chambre pour la saluer.
En entrevue avec Le Journal, Mme Anglade a expliqué pourquoi elle tenait à faire ce discours. C’était pour elle «un devoir». «J’aurais eu le choix de ne pas prendre la parole. Mais je me sens aussi une responsabilité. J’ai quand même été dans cette histoire aux premières loges, mes parents ont été les deux premiers Canadiens identifiés dans toute cette tragédie», a-t-elle expliqué.
Elle estime que la motion adoptée à l’Assemblée nationale témoigne des liens privilégiés entre le Québec et Haïti. «C’est aussi le reflet de cette terre d’accueil qui a ouvert les bras à une communauté qui était sous un régime de dictature. Ça aussi ça parle du Québec, de notre ouverture au monde, de notre ouverture aux autres », a-t-elle dit.
Mme Anglade croit que cette épreuve l’a transformée. «Ça m’a rendu encore plus sensible aux gens, aux causes. Peut-être que ça m’a appris également que dans l’adversité, il faut se tenir debout, et même quand les choses vont mal, tu es capable d’avoir un impact positif», a-t-elle soutenu.