Avant d’être un mystère et une épreuve à la subjectivité humaine, la mort est d’abord une réalité naturelle, l’arrêt de l’activité intégrée du vivant. Comme notre naissance nous apporta la naissance de toute chose, aussi fera la mort de toutes choses notre mort. D’où chaque pas vers l’accomplissement étant en même temps un pas vers le néant. De là, l’une des caractéristiques fondamentales de la mort réside dans le contraste entre l’intensité des émotions dont elle est la cause, la tristesse, la mélancolie, l’angoisse, la peur, mais aussi parfois une certaine exaltation. Suivant les appréhensions traditionnelles, la mort permet le remplacement d’êtres vieillis par des êtres jeunes et dynamiques.
En effet, ce lundi 25 octobre 2019, on a appris la mort subite de Charlot Jeudy dans des circonstances jusqu’ici non élucidées. Jeune fougueux, très courageux, il s’est érigé en défenseur des droits de la personne, surtout aux adhérents LGBTI. Charlot s’est offert, lui-même, en holocauste pour l’épanouissement de la communauté M en Haïti. Porteur des tabous sexuels dans l’espace public, le Président de la Fondation *KOURAJ* savait monter au créneau pour dénoncer les *homophobes*.
Sur cette note répréhensible, on peut constater avec amertume les réactions hideuses de certain-e-s internautes mal intentionné-e-s se réjouissant de la disparition d’une immense personne dont Charlot est le nom. A noter qu’il n’était pas un repris de justice, il n’était pas impliqué dans la dilapidation des fonds PétroCaribe, il n’est pas responsable des malheurs d’Haïti, le seul péché qu’il avait commis, c’était le fait de se ranger au coté d’une minorité stigmatisée pour mener la lutte contre les discriminations. Alors, laissez son âme reposer en paix, car il avait déjà trop enduré pendant son vécu. Si vous voulez vous battre pour l’amélioration de l’existence de vie de la population haïtienne, pas la peine de mener une guerre anti-LGBT+, mener plutôt une guerre ANTI-MISÈRE. La tolérance reste et demeure le remède efficace à l’arrogance. « La liberté dans la vie sociale n’est que le degré d’indépendance individuelle compatible avec le bon ordre de l’ensemble. Car, elle est limitée par le droit de tous les autres individus ». Soyez justes.
Le départ prématuré du représentant LGBTI en Haïti laisse un goût amer dans la bouche des partisan-e-s du respect des droits de la personne. Si seulement on pouvait revenir en arrière. En tout cas, ces adversités font partie de la trajectoire de l’humanité. Ce qui est vivant mourra, ce qui est mort a vécu ; la vie, c’est la mort a dit Claude Bernard. A la seule différence, l’esprit de Charlot restera bel et bien vivant dans la mémoire de plus d’un, particulièrement des gens faisant partie de la communauté LGBTI. Car, il avait fait œuvre qui vaille.
Bonne traversée Charlot Jeudy !!!
Courage à sa famille et ses ami-e-s !!!