Sans rentrer dans les détails relatifs aux objectifs et aux règles du jeu 3 sette, la nouvelle de ton départ m’a réveillé en sursaut.
Encore un autre 7 !
Le 7 février étant une date constitutionnelle, de plus, le pays a connu les émeutes du 6 et 7 juillet 2018. Les signes avant-coureurs envoyés à Jovenel Moïse peu avant son assassinat/exécution perpétrée à la date du 7 juillet 2021. Cette date est devenue historique.
Deux mois après, soit un 7 septembre, SORE tu nous as laissés bouche bée, comme des garçons « djèdjè » en train d’auditionner tes compositions.
Compositeur, chanteur et artiste, tu refusais toujours l’étiquette superstar haïtien. Tu me disais toujours que le HMI pourrait te faire perdre des milléages sur ta personnalité tellement qu’il contenait des hypocrites.
Notre dernière conversation avec l’espoir de t’offrir mon support en communication, afin de graver ton nom dans la capitale a été un échec. Ton maître mot résonne dans mon imagination: « Yow mw pat ranpe pou m te Sore. Potoprens pap fèm pèdi Sore » sic.
Yvenel Etienne était plus qu’un artiste. Tu as été un observateur avisé de la politique sans rater l’occasion de défendre tes opinions tranchantes et acides envers nos hommes politiques et d’autres confrères musiciens qui te côtoient avec souci d’exploiter ton talent. Bien que tu sois peut-être l’unique chanteur qui ait connu Tropicana et Septentrional, ta mort m’as permis de confirmer qu’en dépit de tout, nos deux plus grands orchestres du Cap haïtien et d’Haïti fonctionnent dans la promiscuité la plus abjecte.
SORE si seulement tu acceptais le concept de musicien diaspora pour aller vivre hors de Petite-Anse ;
SORE si seulement tu n’avais pas un tempérament trop fort;
SORE si seulement tu acceptais le principe de monnayer les animateurs de compas;
SORE si seulement le Sektè Kiltirèl Ayisyen pou Ayiti (SKAPA) intégrait des artistes de provinces;
Yvenel Etienne si seulement tu n’accepterais fièrement d’être un artiste de provinces;
SORE si seulement tu acceptais le faire semblant et de te comporter comme une superstar avec un boss et un manager qui te disent quand dormir et quand réveiller… au moins tes chansons seraient diffusées sur les différentes stations de radio de la capitale et du Cap-haitien et tu aurais une note de sympathie de tes pairs musiciens et du Ministère de la Culture mais… Hélas !
Si te gen kanpay tout kandida tap pwofite fè bèl nòt epi mete gwo bandwòl
Au moins Tropicana et Septentrional auraient publier une note de sympathie conjointe mais… l’égo est encore là.
La soirée dansante à l’Acul du Nord était plus importante !
Et les tentatives pour te présenter comme un indiscipliné ne passera pas. Et le phénomène « Sore », une autre façon de dire non à l’hypocrisie et aux injustices dans le HMI suit déjà son cours.
Les jeunes de ma génération qui vous aviez inspiré dans la composition de tes chansons, au nom de ses jeunes que vous avez inculqué les principes du vivre-ensemble et du savoir vivre, l’esprit d’entraide et la fierté capoise, par mon organe, je vous dis bonne traversée. WOUKOUKOU !
Allez en paix avec fierté et assurance que vous aviez été utile à l’historiographie musicale haïtienne d’Haiti.
Puisse « Ti Sore » continuer tes œuvres et mettre à exécution ton projet musical
Ton ami
Richardson SERAPHIN
